Le Chardonneret : le film de 2019 exacerbe les défauts du livre

Le roman

Le défi après avoir regardé ce film est de décider s’il méritait plus ou moins de temps. Avec une durée de deux heures et demie, cette question peut sembler ridicule, mais le roman de Donna Tartt, lauréat du Prix Pulitzer en 2013, comptait près de 800 pages, couvrait de nombreux personnages et couvrait plus d’une décennie.

Ce qu’il faut inclure et ce qu’il faut omettre a sûrement suscité de nombreuses discussions entre le réalisateur John Crowley (l’excellent BROOKLYN, 2015) et le scénariste Peter Straughan (nominé aux Oscars pour le fantastique LA TAUPE, 2011).

Résumé du film

Theo (Oakes Fegley), 13 ans, visite le Metropolitan Museum of Art avec sa mère quand une bombe explose, laissant Theo hébété dans les décombres et sa mère décédée.

Une rencontre avec un étranger blessé amène Théo à voler un tableau et à fuir le musée. Theo cache l’œuvre d’art pendant que la famille d’un de ses camarades de classe le recueille. Le tableau s’appelle « Le Chardonneret jaune » de l’élève de Rembrandt, Carel Fabritius.

Dans le premier des nombreux parallèles faits entre le scénario et le tableau, nous apprenons que Fabritius a été tué (et la plupart de son travail détruit) dans une explosion. En fait, ce sont ces parallèles et ces images quasi-miroir qui rendent l’histoire unique et intéressante… et si difficile à intégrer dans un film.

Theo rencontre Boris (Finn Wolfhard), un émigrant ukrainien vivant avec son père. Les deux garçons se lient d’amitié, se droguent, boivent de l’alcool et volent à l’étalage. Une autre tragédie met Theo en fuite. Il se retrouve de retour à New York, où il rencontre Hobie (Jeffrey Wright), le partenaire de l’étranger du musée.

Tout cela est raconté du point de vue du jeune adulte Theodore Decker, joué par Ansel Elgort. On le voit enfoui dans une chambre d’hôtel en train d’envisager le suicide. L’histoire montre comment sa vie s’est déroulée et l’a amené dans cette situation particulière. Theo porte une culpabilité incroyable sur sa mère.

D’autres personnages s’entremêlent comme Ashleigh Cummings dans le rôle de Pippa, l’objet de désir de Theo, Willa Fitzgerald (Claire quand elle était jeune dans « House of Cards » ) jouant la fiancée de Theo, ainsi que Denis O’Hare, Peter Jacobson et Luke Kleintank.

Film Le Chardonneret
Film Le Chardonneret
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Le rôle de Nicole Kidman

Nicole Kidman, lauréate d’un Oscar, joue Mme Barbour dans ce qui ressemble à deux représentations différentes.

Quand Théo est jeune, elle est la mère porteuse froide et distante qui l’accueille. Quand Théo plus âgé revient, ses tragédies personnelles l’ont transformée en un faisceau chaleureux d’émotions qui a besoin de plaisir. C’est un excellent travail de la part d’une actrice accomplie.

La partie du film la plus réussie est celle mettant en vedette Oakes Fegley dans le rôle du jeune Theo. Fegley transmet beaucoup d’émotions malgré un comportement toujours stoïque. C’est rare de voir un jeune acteur donner une représentation aussi complète. Bien sûr, le film est grandement aidé par le travail inégalé du directeur de la photographie Roger Deakins.

M. Deakins a finalement remporté son premier Oscar l’an dernier lors de sa 14e nomination. Trevor Gureckis fournit la musique du film pour s’adapter aux différentes humeurs et aux deux époques. Tous ces éléments donnent au film l’allure d’un projet en compétition pour les Oscars, mais il y a un mais : Nous n’arrivons pas à nous mettre à la place du vieux Theo, ce qui laisse un sentiment creux à une histoire qui reste un jeu amusant, mais pas assez engageant.

Verdict

Malgré les nobles intentions de chacun, le film ne vole pas haut. Il est alourdi par une intrigue alambiquée, des personnages louches et une structure cinématographique qui va et vient dans le temps. C’est comme si d’énormes pans de l’histoire avaient été perdus.

L’histoire tourne autour de la vie troublée du jeune garçon Theo qui perd sa mère dans un attentat terroriste à la bombe dans un musée. Son dernier vestige de mémoire, avant que cet événement traumatisant ne se produise, est un petit tableau délicat d’un oiseau enchaîné qu’il volera et convoitera comme son dernier lien symbolique avec son parent décédé. Sa culpabilité reste écrasante. Alors qu’il grandit et qu’il est seul, Theo est confronté à de nombreux changements dramatiques dans sa vie:

  • un moment de semi-satisfaction avec une famille riche mais froide,
  • un triste épisode de solitude avec son père ivre et une copine salope,
  • une consommation endémique de drogues et d’alcool avec un ami adolescent russe,
  • et un semblant de tendresse et d’amitié avec un antiquaire.

Pourtant, cet orphelin mène une vie d’adulte réussie. C’est beaucoup à couvrir, peut-être trop. Avec tant d’intrigues, le film est un peu confus, serpentant d’un passé à l’autre, d’un passé à un présent, et inversement. La plupart des personnages manquent de profondeur et leurs comportements semblent énigmatiques. Quelques personnages sont introduits dans l’intrigue, puis oubliés sans cérémonie.

Le scénario de Peter Straughan a été mal géré. Plutôt que d’éliminer les nombreuses intrigues secondaires inutiles, le film s’emmêle les pinceaux dans des rencontres fortuites qui ne font rien avancer. Le Chardonneret est surchargé de ces artifices et de ces coïncidences farfelues.

Comme je l’ai déjà dit, les acteurs sont excellents, mais ils méritaient mieux.

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