- Titre : Yesterday (2019)
- Metteur en scène : Danny Boyle
- Scénaristes : Jack Barth, Richard Curtis
- Acteurs : Himesh Patel, Lily James, Sophia Di Martino
Qualités du film
« Bohemian Rhapsody », « Rocketman », « Rolling Thunder Revue a Bob Dylan Story » : autant de biopics qui mettent en lumière la vie de chanteurs, avec plus ou moins de fidélité. Yesterday a une toute autre approche : ce film ne cherche pas du tout à narrer la vie du groupe les Beatles. Au contraire : le héros se réveille dans un monde « alternatif » dans lequel tout est pareil, sauf l’existence des Beatles : dans le 2019 du film, ce groupe mythique n’a jamais existé, sauf dans les souvenirs du héros.
L’histoire raconte ce que nous avons tous en commun et ce qui se passe si on nous l’enlève : nous perdons ce petit lien qui fait de nous un groupe d’humains. Ce film retrace aussi une sorte de cauchemar pour les acteurs, les musiciens, les artistes et les écrivains célèbres : Que se passerait-il si les gens réalisaient du jour au lendemain que j’étais un imposteur ? Beaucoup de gens célèbres, quand leur travail est apprécié, se sentent comme des escrocs parce qu’ils ne pensent pas mériter la gloire.
Dans le cas de Jack, bien sûr, c’est réellement un escroc. Alors que le succès tombe sur lui dès son premier album, ça lui fait également perdre sa petite amie Lily James.
Le film nous fait réaliser que si les Beatles n’avaient pas existé, nous devrions les inventer. Leur contribution à notre monde et à notre musique est incroyable. Malgré l’absence totale de fidélité à la vie des Beatles, on ressort du visionnage avec une plus grande appréciation des Beatles, de leur musique, on ressent de l’admiration pour le groupe sans s’en apercevoir consciemment.
Autre qualité du film : il est une sorte de satire de l’industrie de la musique actuelle. Il révèle à quel point les artistes « solistes » sont loin de leurs titres, avec d’énormes équipes de personnes qui les poussent dans une direction commerciale, en prenant le pouvoir créatif des musiciens.
Défauts du film
Point faible du film : son côté romantique, pas très fin, qui prend trop de place au détriment de ce qui est vraiment intéressant.
Deuxième défaut : le réalisateur aurait pu faire un film vraiment brillant avec l’idée de départ. Au lieu de ça, il s’est contenté de faire un film gentillet qui manque d’ambition et de provocation.
Dans le film, notre héros découvre que d’autres choses n’existent pas dans ce monde alternatif, comme la coke, les cigarettes, le groupe Oasis et Harry Potter. On aurait pu croire que ces choses allaient se lier à l’histoire des Beatles, mais les scénaristes ont tout simplement laissée l’idée en plan!
Autre négligence : on croit reconnaître les 4 Beatles dans le film, des gens qui reconnaissent leur musique comme le héros du film. John Lenon et les trois autres semblent, dans cette réalité alternative, ne s’être jamais rencontrés pour faire de la musique ensemble. L’idée est très bonne, mais pourquoi ne pas l’avoir développée ?
Conclusion
J’aurais aimé en savoir plus sur ce monde qui n’avait pas de Coca-Cola, de cigarettes et d’Oasis. La blague sur Oasis était drôle, un groupe tellement influencé par les Beatles qu’il n’aurait jamais pu exister si les quatre génies n’avaient rien fait ! Sans les Beatles, il n’y aurait pas eu Bruce Springsteen ni les Eagles, et Brian Wilson n’aurait pas travaillé si dur pour créer Pet Sounds. Un jeune cinéaste du nom de Robert Zemeckis n’aurait jamais fait un film intitulé « I Wanna Hold Your Hand ». Cela soulève un problème : les Beatles étaient plus qu’un simple groupe auteur-compositeur. C’était une musique à part entière, des harmonies et une façon de chanter.
Certaines idées sont bien explorées dans le film, comme l’industrie de la musique qui fabrique le produit qu’elle veut vendre. Cependant, Curtis opte pour une simple histoire d’amour dans la deuxième mi-temps, ce qui laisse un peu retomber le charme de la bonne idée de départ.
